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Faire la paix avec la nature ? Une urgence

© crédit photo : Petitas – Camille Fabbro

La délégation kogi, qui par la simplicité et l’évidence de ses propos a éclairé la confusion et l’égarement de nos sociétés modernes, est rentrée en Colombie, après avoir nourri le dialogue entre connaissances ancestrales et savoirs scientifiques. L’intention ? Chercher de nouvelles voies pour soigner ensemble la Terre. 

Après de saisissants rendez-vous, sur les terres de nos amis Suisses, dont nous vous avons évoqué quelques moments dans la lettre d’information numérique précédente, du 1er au 18 octobre 2023, les kogis ont arpenté quelques points remarquables du Rhône, les Pertes de la Valserine, la confluence de la rivière Ain et du Rhône, en passant par le Parc de la Feyssine, et le Delta du Rhône, les orteils, qui comme pour un corps humain, portent le fleuve.
Les Kogis pensent le monde sur la base d’une pensée fractale. Une pensée qui ouvre un autre regard, de nouvelles perspectives sur la compréhension des territoires. Pour eux, une source thermale est un site de haute valeur qui les informe sur le fonctionnement “souterrain” invisible, systémique de la terre. Formes des bulles, densités, odeurs, sont une forme d’alphabet qui “dit” des choses. Après quelques minutes d’observation, ils ont demandé aux naturalistes présents comment allaient les volcans dans la région ? Car les bulles étaient “agitées”. Réponse troublante, puisqu’il semblerait que depuis quelques temps, l’activité volcanique de la région où nous nous trouvions, se réveille.
A la Tour du Valat, des échanges ont été ouverts sur l’importance des zones humides, que les Kogis nomment les “vieilles mères”, vieilles eaux, gardiennes d’une mémoire très ancienne et connectées aux glaciers.
Sur un plan plus institutionnel, les Kogis dont le gouverneur, ont été reçus par les Maires de Lyon, de Villeurbanne et de Grenoble. A Paris ils ont été accueillis par la présidente de la Région Île-de-France ainsi que par le Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
L’occasion pour Arregocés Conchacala d’insister sur l’importance“d’une discussion de gouvernement à gouvernement autour de ce que nous avons en commun les montagnes, l’eau, l’air, la diversité du vivant, la vie. La paix avec la nature est une politique, un vrai projet, qu’il devient urgent d’engager. Elle implique moins de grands projets destructeurs du vivant.”
Le 15 octobre, plus de 800 personnes étaient présentes à la Seine Musicale, pour célébrer la fin de cet improbable dialogue autour du vivant. Un grand moment émouvant, ouvert par les notes et le témoignage de Claire Oppert, violoncelliste, les propos brulants d’actualités de Delphine Horvilleur, nourri par les témoignages de Cédric Villani, Emma Haziza, Céline Léandri, Nathalie Michel, Béatrice et Gilbert Cochet, Claire Laurant, Jean-Louis Michelot, Denis Chartier, Barbara Glowczewski, Jacques Besson, et conclu par les propos éclairants d’Erik Orsenna, sur les liens, corps humains/corps territorial.
Lorsque le respect, l’écoute et la bienveillance sont au rendez-vous, les possibles s’ouvrent et la joie revient. C’est ce que nous avons pu encore constater la veille de leur départ, lorsque les Kogis ont été accueillis par les collaborateurs d’Île-de-France Nature pour partager leurs regards sur un espace naturel unique en Île-de-France, le Bois Saint-Martin. Puis l’après-midi a Boulogne Billancourt, près de 300 jeunes ont accueillis la délégation kogi dans l’Amphithéâtre Landowski en présence du Maire de la Ville Pierre-Christophe Baguet.
En son temps Albert Camus a écrit ces mots :
“Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d’être mené. Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison”. Extrait de l’éditorial du journal Combat, 8 août 1945
Des propos qui résonnent avec le message du gouverneur kogi :
“Il s’agit de faire la paix avec la nature. Quand on fait vraiment la paix, il n’y a plus grand-chose à faire pour soigner. Aujourd’hui nous ne sommes pas en visite touristique, mais dans un dialogue politique, à la recherche de la paix avec la nature et entre les humains. Pour cela, nous vous proposons d’ouvrir un dialogue sur ce qui nous réunit : l’eau, la terre, la vie. Être assis ensemble, c’est semer des idées, en respectant nos langues et nos cultures différentes.”
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