Zigoneshi : espace Bonda, restitution d’objets en or
« Zigoneshi, ce mot signifie beaucoup de choses chez nous, je t’aide, tu m’aides, j’ai besoin de toi, tu as besoin de moi. Cette relation, cet échange, ils sont entre nous, avec vous, mais aussi et surtout avec la nature. Vous, vous prenez les choses sans jamais rééquilibrer ce que vous prenez, c’est pour cela que la terre est malade. Il faudrait que nous rentrions en zigoneshi, nous, les grands frères, avec vous, les petits frères, ensemble, avec la nature. Nous devons faire la paix avec la nature, dialoguer avec elle. Si nous la protégeons, elle nous protégera, autrement… ».
Mamu José BARRO
Espace Bonda
En 2014 est né un nouveau projet : ouvrir un lieu d’échanges, de recherche et de formation, destiné aux Kogis mais aussi à d’autres acteurs de la région de Santa Marta, voire à des visiteurs étrangers intéressés par le projet et désireux d’ouvrir un dialogue avec les Kogis. L’espace Bonda a vocation à devenir à la fois un espace de dialogue entre les Kogis et nos sociétés modernes et un lieu d’expérimentation agricole et de découverte de la biodiversité.
Ce projet se met progressivement en œuvre sur une terre de 8 ha située à quelques kilomètres de la capitale du département du Magdalena Santa Marta (500.000 habitants). Le terrain est divisé en deux parcelles distinctes :
- La première parcelle, d’une surface de six hectares, a été restituée aux Kogis. Grâce au travail spirituel mené par les Mamus (chamans), les Kogis se réapproprient peu à peu le lieu. Trois familles kogis sont installées et ont remis en place un système traditionnel de cultures vivrières afin de couvrir leurs besoins alimentaires. Il s’agit pour eux de disposer et d’entretenir une terre « relais » où les Kogis qui doivent se rendre en ville trouvent un lieu de passage adapté à leur mode de vie.
- La seconde parcelle, d’une surface de deux hectares, est destinée à accueillir les bureaux de Tchendukua – Aquí y Allá, à faciliter l’accueil de visiteurs extérieurs et à la mise en place d’un jardin conservatoire.
ZIGONESHI (Je te donne, tu me donnes) Restitution d’objets en or (2016)
En 2016, Tchendukua a mis en œuvre un projet éminemment symbolique « ZIGONESHI ». 500 ans après l’invasion des conquistadores et l’époque de barbarie qui s’est ouverte, il s’agissait de retraverser l’Océan Atlantique, d’Est en Ouest, avec un bateau porteur d’un message de fraternité vis-à-vis des Kogis.
Lorsqu’elle a pris connaissance de ce projet, la baronne belge Dora JANSEN, grande collectionneuse d’art précolombien, a souhaité que des pièces, qu’elle détenait dans sa collection depuis plus de 30 ans, puissent être restituées aux Kogis. A bord du bateau « Zigoneshi » skippé par Olivier JEHL, ces pièces en or, pectoraux, bols, bracelets, ont retraversé l’océan afin d’être restitués aux Kogis et retrouver leurs « terres » d’origine. Lorsque la voile blanche du petit voilier de 6,50 mètres est apparue à l’horizon, les 150 Kogis, hommes, femmes, enfants, présents sur la plage pour l’occasion, se sont levés, se rapprochant doucement de la plage. Plusieurs mamas et sagas sont là. Les yeux plissés, perdus sur l’horizon, ils regardent le voilier se rapprocher doucement des côtes.- « L’or revient. La mère l’a appelé et il revient », chuchote Miguel, l’un des mamas présent ce jour-là.
Une caisse en bois, que l’on débarque, est ouverte sur la plage. Un à un, les objets sont sortis de leurs emballages protecteurs et présentés aux Kogis. Pour la première fois, des objets en or allaient être rendus à leurs « propriétaires », après avoir été pillés dans les tombes de leurs ancêtres. L’émotion est palpable, les regards suspendus. En présence des autorités colombiennes du ministère du Tourisme, de l’ambassadeur de France en Colombie, de journalistes de France 2 et du Figaro Magazine, les objets sont observés, touchés, retournés… Sont-ils bien réels, semblent dire les regards des observateurs. Ces objets posés sur la plage existent-ils vraiment ? Soudain, dans cette région du monde où la pluie est absente depuis de longues années, quelques gouttes de pluie… Le visage pensif, un mama observe le ciel, « C’est la mère, elle pleure. Elle est tellement contente de voir revenir ses enfants ».